ETAT DES YEUX | Hiver | 6 Janvier 2021 | Comment lit-on les gros livres ?
jeudi 07 janvier 2021
Mercredi 6 Janvier 2021
Les Rois et les Reines font galette commune dans un Royaume pour de faux.
Une réflexion de l'enfant, au début d'après-midi, m'est restée comme question de tête, jusqu'au soir... Me désignant le gros volume de correspondance entre Albert CAMUS et Maria CASARES coincé entre deux piles de bouquins . -Je me demande comment on fait pour lire un si gros livre ? Ma réponse n'a pas été spontanée, l'étonnement du petit était trop grand et trop sincère pour bacler l'affaire. Pourtant... toujours l'humour remporte dans ces moments là : - le gros livre... Eh ben... On le pose sur la table, on s'assoit devant et on prend le temps qu'il faut ! L'enfant perplexe : - Ah ? Bien sûr !... On change de sujet, on retourne jouer et je ressasse après son départ que ma réplique est insuffisante et peut-être même un peu trop vantarde. Qui lit vraiment les gros livres et de cette manière aussi simple, s'y mettre tout bonnement ? Comment lui avouer que ce livre-là m'est tombé des mains. Non en raison de son poids, mais en raison de la déception qu'il m'a causé. Je peux l'écrire ici, CAMUS m'a déçue... Maria CASARES m'a émue... J'ai éprouvé le même désagrément en lisant les Les "lettres à Olga", écrites en prison entre 1979 et 1983 de Vaclav Havel à sa femme. Gênée de bout en bout par le ton du mari à sa femme, par ses exigences, ses rerproches... sa relation d'emprise...
Tout cela pour dire que je serai toujours du côté des femmes opprimées, à l'écoute de leurs frustrations ataviques en raison d'énormes décalages culturels entre leurs désirs et leurs réalités d'amantes, d'épouses, de compagnes. A la manière des fouilles archéologiques , et sans doute en raison des mouvements féministes, on ne cesse de rédécouvrir que derrière les grands hommes célèbres, il y a des femmes, des servantes, des petites mains, des muses utilitaires... Et être reconnues comme femme de... est devenu à la mode. Le problème désormais est que le balancier risque de remettre dans l'ombre , bien des oeuvres et des mérites, et ce n'est pas vraiment la bonne voie à suivre. J'aimerais qu'on remette aujourd'hui les compteurs à zéro, est-ce possible ? Reconnaître que tout(e) seul(e) devant une oeuvre à réaliser, on n'est pas grand chose... C'est la raison pour laquelle je considérerai désormais avec beaucoup de curiosité et d'attention, toute publication qui permet de donner un point de vue de proximité de la part de proches selon leur voeu, en langage partageable, dans le respect total de l'intimité et sans esprit de rétorsion ou de dévaluation vacharde. Le commentaire d'une oeuvre par un éclairage contextuel de proximité n'est pas inintéressante pour mieux la comprendre et l'accueillir. Dans l'après-coup au moins, (post mortem ?) cela permet de mieux saisir les nuances et les partis pris d'une énonciation. Il, elle écrit cela, à un moment donné et cela a un sens particulier, avons-nous les bonnes clés, autres qu'intellectuelles, pour lire les subtilités, l'arrière-panorama de toute phrase ? Ce qui m'intéresse finalement dans les livres, c'est l'intention et l'aboutissement , entre les deux, toutes mes questions font ventre... Oui, j'aime bien savoir ce qu'on me fait avaler ... ma crédulité en dépend...